Khoujir - Irkutsk

Après les villes de la Russie profonde et un trajet de train pauvre en sommeil, nous voilà arrivés à Irkutsk, prêts à découvrir le tant attendu Lac Baïkal. Pour cela, on avait prévu de dormir deux nuits sur l’île d’Olkhon dans la ville de Khoujir.

Notre plan était d’arriver à Irkutsk, louer une voiture (1ère erreur), pas chère (2ème erreur), et se rendre nous-même à Khoujir (3ème erreur), puis une fois là-bas, explorer l’île avec ladite voiture (4ème erreur).

Une fois sorti du train, on cherche un moyen de se rendre à la location de voiture, vous commencez à connaître le deal: impossible de comprendre quel bus on doit prendre, et les arrêts que Google nous donne sont faux…

On finit quand même par y arriver en taxi, qui nous donne le premier indice dans un anglais des plus approximatifs : « Ah bon, vous y allez en voiture ? Normalement les gens y vont en bus » (reformulé bien sûr, c’était plus « car… niet, ❌👂, avtobus ! »).

On ne se laisse pas démonter et on garde notre plan initial, de toutes façons on venait d’arriver au car rental.

Pas de voiture disponible avec le volant à gauche, oui parce qu’en Russie, on ne s’attarde pas à ce genre de détails, on prend ce qu’il y a ! Finalement on prend notre petite voiture avec le volant à droite, une « Funcargo », qui porte bien son nom. Le mec de l’agence nous dit : « Be careful guys… Olkhon Island, very bad roads, drive careful » – Hm. Ça commence à sentir pas bon cette histoire.

On passe d’abord par le Chinatown d’Irkutsk dans lequel on se perd en quête d’essence. Puis on part finalement pour 4h30 de route afin d’arriver au ferry qui nous emmènera sur l’île, en passant par la seule route existante qui longe le Lac. Tout en mangeant nos restes infâmes du train, du pain de mie avec du fromage qui a un peu vécu 😰.

Le paysage est assez incroyable, de grandes collines et plaines verdoyantes dans lesquelles vaches et chevaux galopent librement, en traversant même la route sans vergogne – il faut faire très attention en roulant d’ailleurs.

Arrivés au ferry, on appréhende un peu car Google 2012 nous dit que parfois ça peut prendre des plombes à cause des gardes qui acceptent des bakchichs. Pour nous, l’expérience sera tout autre, nous n’avons qu’à avancer avec notre Funcargo sur le pont du ferry sans rien avoir à payer ni attendre.

Photo 1: sur le ferry
Deux polissons prêts à braver la route

L’excitation de la vue du Lac Baïkal et son immensité sera très vite redescendue sur les premiers mètres de la route d’Olkhon. Aucun goudron, seulement de la terre, des graviers, et beaucoup de trous et strilles dans le sol qui la rendent impraticable en Funcargo. On arrive finalement à Khoujir non sans soulagement en un seul morceau après 1h40 de route – vitesse moyenne 15km/h.

Notre airbnb est plutôt surprenant, on a le wifi, l’hôtesse parle presque anglais, les lits sont assez confortables et les douches propres et efficaces.

On décide du coup de faire le tour de l’île le lendemain avec un guide sous les conseils avisés de l’hôtesse et des allemands qu’on rencontre sur place – et surtout après avoir pratiqué la pire route de l’histoire.

Le soir, on en profite pour aller voir les Shaman Rocks, où loge fièrement de grands poteaux entourés de drapeaux et bouts de tissus (et lacet de pull pour les non préparés).

Photo 2: plage et Shaman rock
Photo 3: poteaux et drapeaux
Photo 4: des pièces laissées par les gens
Pièces laissées pour bonne fortune, on verra malheureusement un père et ses fils ramasser les pièces de 10 roubles… Et oui, il faut pas oublier qu’on est en Russie profonde

On s’isole un peu sur les pierres pour capter les énergies telluriques – c’est pour ça qu’on est ici.

On décide ensuite d’aller à une plage, car j’étais (Thomas) bien décidé à me baigner dans le lac, je vais même jusqu’à dire « Mais enfin Johan, si on ne se baigne pas qu’est-ce qu’on va dire aux gens ? On est allés au Lac Baïkal et on a fait trempette des pieds ?? ».

Bon. Il faut savoir que l’eau a cette période est en décongélation, et donc a une température de 4 degrés. Oui, 4. Laisser les pieds ne serait-ce que 10s est déjà une torture alors on – j’ – abandonne l’idée de se baigner. Dommage, car se baigner dans le Lac Baïkal confère 7 années de vie en plus. Tant pis, on se contentera des quelques mois gagnés juste avec les pieds !

Photo 5: la plage
Cette brume assez impressionnante

Le lendemain à 10h, Andrei vient nous chercher dans son van 4x4 de l’ère soviétique pour nous montrer les merveilles de l’Île; 1100 roubles (8€ par personne pour 7h de tour avec repas inclus). Après s’être un peu éloigné de la ville on se rend très vite compte d’une chose : les routes sont encore pires que celle qu’on a vu.

Photo 7: le van
Le type de van qui court les rues de Khoujir

Et c’est parti pour se rincer les rétines des paysages à couper le souffle du Lac Baïkal, chaque stop nous prend un peu plus aux tripes face à l’immensité et la magie du Lac. De grandes falaises, une eau exagérément limpide et les dunes de brumes qui recouvrent le lac pour notre plus grand émerveillement. On en profite pour faire des photos et capter les énergies telluriques – un thème récurrent.

Photo 9: une chaise dans l’eau
Photo 10: les 4 bons touristes
Theresa et Yannick, nos allemands

Photo 11: captation d’énergie tellurique 1
Photo 12: captation d’énergie tellurique 2
Photo 13: captation d’énergie tellurique de loin

Photo 14: J&T et le poteau drapeaux
Toujours cette tradition poteau/drapeaux de la région

Photo 15: les dunes faites par la brume
Les dunes de brume

Tout ceci avec dans les oreilles une compilation faite par Andrei des meilleures reprises classiques et rock à la flûte de pan et autres joyeusetés musicales – de la lettre à Élise a Yesterday des Beatles. On aura même droit à de l’eurodance des années 90 pendant notre pause déjeuner où on goûtera une soupe de patates et de mouton ainsi que des pâtisseries très sucrées avec le Lac Baïkal en guise de paysage.

Photo 16: pause déjeuner
Andrei et son t-shirt Lion

Photo 17: le déjeuner
C’est bon mais c’est surtout nourrissant !

Au bout de l’île, on espère fortement voir des nerpas, cette espèce de phoque qui est la seule à vivre dans l’eau douce et qui peuple le Lac Baïkal au sommet de la chaîne alimentaire.

On en verra un pointer son museau de très haut, ce qui suffira à épancher notre curiosité.

Photo 18: le Nerpa

Notre dernier stop sera une plage à la pointe de l’île où les deux maisons qui se battent en duel n’ont comme source d’électricité que l’éolien et les panneaux solaires – inutile de dire que Johan en est ravi.

Photo 19: la plage avec éoliens

On rentre par la forêt en passant par des routes tellement infâmes qu’on salue la nonchalance d’Andrei à conduire dessus.

Photo 20: les routes infâmes

Une fois rentré, on ira manger dans un café du coin – à la décoration un peu douteuse – le fameux Borsch ainsi que des pelmeny et des pozy.

Photo 21: borsch
Photo 22: le loup sur le mur

À noter: Irkutsk, Khoujir et Oulan-Oude sont dans la région de la Bouryatie qui était autrefois son propre pays, les Bouryats ont un faciès très prononcé asiatique, qui se rapproche des mongols.

En allant au café, le Funcargo se transforme en Seumcargo puisque le plastique qui protège la roue lui passe en dessous et s’arrache en beauté. On voit déjà notre deposit de 5000 roubles partir en fumée…

Photo 23: le plastique de la roue

On repart le lendemain vers 9h30 pour aller rendre le Funcargo en pièces, on se tâte à le jeter dans le lac et revenir en bus, mais finalement on part pour arriver vers 16h30 à Irkutsk pour rendre la voiture.

On doit d’ailleurs la laver avant de la rendre, et SURPRISE: la personne qui s’occupe de laver notre voiture est adorable et parle anglais, ce qui ne manque pas de nous étonner quand on réfléchit au fait qu’au Musée de la place rouge et au shopping center de Moscou ils ne parlaient pas anglais…

Irkutsk

Pas grand chose à dire sur cette soirée et nuit à Irkutsk qui est plus une escale qu’autre chose, et qui ne nous laissera pas le temps de découvrir la ville puisqu’on repart le lendemain à 8h35.

On aura néanmoins profité du Rolling Stones hostel, de loin la meilleure auberge de jeunesse où nous avons dormi.

On y recroise d’ailleurs Theresa et Yannick.

Photo 24: notre chambre à Irkutsk

On y boit tout de même une bière à l’eau du Lac Baïkal au goût salé ET acidulé – qu’on ne finira pas d’ailleurs, c’était pas très bon 😰.
On y teste aussi le Shashlik, un plat local à base de viande (porc, poulet 🐓 ou bœuf genre brochette) et du pain pita.

Le lendemain, on repart à 8h35 en 3ème classe pour notre trajet en train le plus court du voyage: seulement 8h – d’où la 3ème classe d’ailleurs. La 3ème classe possède les mêmes lits et tables que les autres classes mais sans compartimentation entre les cabines. C’est très convivial !

Photo 25: la 3ème classe

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