Vakzal: gare
Après 26h de train, 1600km à 60km/h, une nuit un peu compliquée avec nos amis slovaques ronfleurs, on est pas mécontents d’arriver à « Yeka », notre 2ème étape Russe. On a 2h de décalage (en plus) par rapport à l’heure de Moscou.
Comme à l’accoutumée en Russie, on galère un peu à trouver notre hostel (le dorénavant classique « on se pointe à l’adresse indiquée sur la réservation – il n’y a rien – le mec à l’intérieur du bâtiment ne voit même pas de quoi on parle). On sera récompensés en ayant notre chambre pour nous seuls.
Après avoir quitté la classe Moscou, Yekaterinburg nous ramène dans un style ex-URSS, l’architecture étant assez triste et les bâtiments gris chers au style stalinien bien présents.
Ce qu’on retiendra de la ville sera un beau panorama en haut d’une tour (nommée Vissotski) mais également de belles églises orthodoxes et le site d’exécution des Romanov: Le tsar Nicolas II et sa famille se sont enfui jusque ici avant de se faire tuer par les Bolcheviks en 1918.
Église sur le sang versé en l’honneur de tous les Saints resplendissants dans la Sainte-Russie (seriously)
Feu Nikolai II, dernier Tsar de Russie
Un musée très sympa (et gratuit) que nous visiterons tout seuls (avec chaussons fournis svp) retrace l’histoire tragique du dernier tsar de Russie. Les Russes ont l’air d’être encore attachés à cette partie de leur histoire (tout autant qu’à Lénine qui a ses statues un peu partout).
Le dernier jour on va visiter un musée militaire en banlieue – ce fut un peu compliqué à atteindre car les arrêts de bus sont comme le reste : démerde-toi pour savoir quel bus passe où et bien entendu personne ne parle un mot d’anglais (je pense pas qu’on ait rencontré une personne parlant anglais à Yeka à part le type de l’hostel).
Le bus est aussi assez space : pour chaque bus il y a une nana dont le job est de récupérer les sous du trajet auprès de chaque passager: impossible de gruger et ça nous aura fait penser à la provodnista du train (un job de femmes qui ne déconnent pas).
Anyway, on arrive au musée militaire (NB: Yeka était un gros pôle de l’industrie militaire et était fermée aux visiteurs jusqu’en 1990!). L’arsenal est impressionnant: des rangées de centaines de tanks, hélico, avions et autres camions lance-missiles (dont les orgues de Staline !), tous différents et construits depuis les années 30 jusqu’à la fin de la guerre froide. On imagine un peu l’étendue de l’arsenal fou qui a été fabriqué pendant toutes ces années pour préparer la guerre et qui doit être encore stocké dans un coin.
Modèle récent des orgues de Staline
Photographies restaurées datant de la deuxième guerre mondiale – montrant ici deux fiers soldats défendant la mère patrie
La ville sera assez peu animée (semaine oblige), on aura quand même bien bouffé (à noter qu’on mange bien en Russie!):
- Un resto de Pelmeny dans lequel on reviendra 2 fois (💪) pour déguster ces genres de raviolis russes (Vereniki également)
- Un resto Ouzbek avec serveuses en tenues traditionnelles où Thomas ragera bien car il a payé plus cher que moi (ndlr: merci la serveuse qui bitait pas un broc d’anglais)
Pelmeny
Par rapport aux prix, c’est encore moins cher qu’à Moscou (un plat tournant autour de 4€ - 300 roubles, ndlr: 9€ pour Thomas lol).
D’une manière générale on continue notre route en rigolant h24 donc tout va bien, mais le plus rude reste à venir avec 36h de train pour atteindre Krasnoïarsk (Krasno pour les intimes).
Trajet train Yeka-Krasno
Fun fact : dans toutes les gares de Russie les horaires des trains sont les horaires de Moscou (tout comme l’heure dans le train), il faut pas se planter !
On a appris de notre premier trajet et on est fin prêts à s’attaquer au plus long de l’aventure. 2 nuits et une journée complète à passer dans le train. Exit les nouilles instantanées bonjour saucisson.
Le voyage commence dans la joie puisque nous sommes seuls dans notre compartiment, on s’installe comme des princes et on passe la soirée pépère.
oklm
Le répit ne sera que de courte durée car un compagnon nous réveillera à 2h du mat pour s’installer au dessus de nous. En bref on verra passer plusieurs personnes en 36h mais le groupe le plus fun nous accompagnera pendant quasiment toute la journée passée dans le train: 2 jeunes mecs s’installent, et après les salutations posent une bouteille de cognac (russe…) sur la table, nous tendent des verres : « guys…! ». Le traquenard est lancé. Leurs amis qui étaient dans un autre compartiment débarquent. Nous passons donc l’aprem avec ces 5 joyeux lurons qui sont un « cabin crew » d’une compagnie aérienne russe (non ils ne parlent pas bien anglais pour autant). Ils nous sortent de la vodka achetée dans le wagon restaurant (servie dans des espèces de pot à confiture… toujours un incroyable sens du pratique, d’ailleurs nos 2 français se couperont en les ouvrant vu leur level). Ils nous font bien rire et nous apprennent tout un tas d’insultes russe (quoi d’autre, roukajop!) on a droit à la fameuse question piège « que pensent les français de Poutine ?» (joker).
Ils ont été très sympas, nous ont vraiment rincé (on sera tous bien joyeux en fin de journée) et nous ont appris le trick pour boire de la vodka sans avoir envie de mourir ensuite:
- Souffler l’air des poumons (merci Aleksei pour ce tip là)
- Prendre le shot (on mélange pas la vodka, infidèle)
- Respirer un bon coup un morceau de saucisson bien gras qui fouette
- Avaler le saucisson bien gras qui fouette en question
Et voilà vous êtes repartis pour un tour.
Une pizdietz bande de copains
La journée passe vite grâce à eux et on sera même un peu triste de les voir partir à Novosibirsk. A noter qu’une hôtesse de l’air tombera amoureuse de Thomas, ah bah oui le charme français opère toujours.
NB: le cognac russe avait, sans surprise, un bon goût d’essence.
Bonus
Giennia veux-tu m’épouser ? (Merci Viki pour la trad !)
Tram de Yeka
L’Église vue du Vissotski
NB: Vissotksi, qui veut dire haut, désigne aussi Vladimir Vissotksi, chanteur populaire des années 60-70 (un genre de Brassens très politisé et ennemi de l’état soviétique)